Le jargon du p'tit folkleux

Les vieux métiers du Limousin : les métiers de la maison

Qu'il soit architecte, maçon, tailleur de pierre, appareilleur (chargé de choisir les pierres et de tracer les coupes), paveur ou plâtrier, le Marchois est partout, au point que « limousin » ne tarde pas, dans le langage courant, à devenir synonyme de maçon et que « limousiner » signifie maçonner. Au fil des temps, il n'est pas un chantier où on ne le rencontre. Au XVème siècle, le voici à chartres, à Saint-Denis et à Bordeaux;. Au XVIIème siècle, les maçons marchois participent à la construction des digues de La Rochelle. à la fin du siècle, ils seraient plus de vingt mille à quitter chaque année leur Limousin, dont beaucoup se retrouvent sur les échafaudages de Versailles. Au siècle suivant, on estime qu'un tiers des hommes de la Marche font ce métier. Au XIXème, enfin, les grands chantiers des routes, puis des chemins de fer, mais surtout les immenses travaux lancés à Paris par Haussmann vont les attirer massivement. Entre 1852 et 1863, dans la capitale, huit mille maisons sont à démolir pour vingt-cinq mille nouveaux immeubles à élever. «Quand le bâtiment va, tout va », dira proverbialement quelques années plus tard l'homme politique Martin Nadaud, natif de La Martinesche, dans la creuse, et ancien maçon lui-même, dont la vie dépeint parfaitement celle de ses compatriotes. L'habitant de la Marche sait profiter de cette conjoncture, comme en témoigne le nombre des maçons creusois qui, après avoir triplé entre 1815 et 1846, passant de 13 000 à 34 000, ne cesse d'augmenter encore.

La Haute-Marche, correspondant à peu près à notre département de la creuse, est depuis longtemps une terre d'émigration. Tout y prédispose dans ce pays sauvage : la pauvreté de ses sols, le climat rude avec ses gelées tardives au printemps et précoces en automne, aux effets catastrophiques sur les emblavages et souvent à l'origine de famines, une démographie galopante (le département de la creuse passera de 218 000 à 287 000 habitants entre 1801 et 1851 !), et le classique besoin d'argent, ne serait-ce que pour payer la taille... Pour se procurer un revenu complémentaire, les Marchois, qui sont le plus souvent laboureurs et petits propriétaires se font maçons et partent en campagne. Il n'est guère de famille qui n'ait le ou les siens, y compris chez les notables, et ce phénomène va se répétant au fil des générations. A Banize, village étudié par Marie-Anne Moulin, 83 % des fils de migrants émigrent à leur tour. Presque tous sont maçons.

A la différence de la plupart des autres migrants, le maçon quitte son village non pas en hiver, mais à la belle saison. Il part au printemps, passe l'été sur les échafaudages et s'en retoume à la fin d'octobre ou au début de novembre, avant que les pluies d'hiver ne viennent l'empêcher de travailler et les gelées de creuser le sol. En creuse, c'est donc à la femme, restée avec les vieux et les enfants, de « tenir le bien ». Les villages, neuf mois durant, semblent peuplés de veuves, que l'on voit travailler sans cesse, soignant le bétail, traînant le fumier, labourant parfois (à l'araire !), faisant les foins, moissonnant à la faucille, engrangeant et, le soir venu, filant la laine. Les hommes, jeunes ou vieux, sont au loin, et les jeunes garçons, tout en moissonnant, rêvent déjà du jour où ils les accompagneront. Ils n'ont d'ailleurs pas à attendre très longtemps. Dés dix ans, souvent, le père les embarque, sans se demander si la route leur semblera longue.

C'est ainsi que Martin Nadaud, âgé de quatorze ans, est parti avec son père pour Paris le 26 mars 1830. Il porte une veste, un pantalon, un gilet de droguet, tissé à la maison avec la laine des brebis. Aux pieds, lui qui n'a jusqu'alors chaussé que des sabots, il a de gros brodequins neufs qui lui blessent les chevilles. Il arbore même un chapeau haut de forme, acheté pour la circonstance. Après les adieux à la famille, le père et le fils partent avec un petit groupe de leur hameau. Bientôt, ils rejoignent ou sont rejoints par d'autres bandes, et leur troupe, au fil des kilomètres, ne va cesser de grossir. La route est longue, difficile : jusqu'à Guéret, on doit cheminer à travers friches et forêts, par des chemins défoncés où le haut-de-forme perd vite sa superbe. Les étapes semblent interminables. « Le plus ennuyeux pour nous, les jeunes, c'était de voir les vieux filer sans pouvoir les suivre », écrira Nadaud dans ses Mémoires, se souvenant que son père lui répétait sans cesse : « J'ai fait plus jeune que toi le voyage de la Vendée et je ne pleurnichais pas ! » Et pendant que les gamins traînent péniblement leurs pieds meurtris d'ampoules, le meilleur marcheur du groupe, passé devant, va retenir les auberges où l'on ne s'arrête qu'à la nuit tombante. c'est lui qui marchande avec le tenancier et qui le réglera. Mais jamais il ne choisit au hasard, allant toujours dans un établissement déjà connu, que l'on fréquente régulièrement, deux fois l'an, à l'aller et au retour. on mange une bréjaude ou une « farcidure », sorte de purée en boulettes que l'on appelle aussi la « poule sans os ». Les draps y sont douteux, si ce n'est crasseux, n'ayant souvent pas été changés depuis les retours de novembre. Des muletiers à la mine patibulaire inquiètent nos jeunes recrues. Qu'importe, il faut suivre la règle et tenir la cadence. Guéret, Genouillat, Nohant, Vierzon, olivet... La route n'en finit plus, les villages se succèdent, où l'on doit bien souvent essuyer moqueries et quolibets. ces bandes d'hommes petits (1,60 m en moyenne), aux cheveux courts et noirs, vêtus de vestes de gros drap couleur de cendre, chantant des chansons de route, parfois conduits par un musicien ambulant que l'on nomme un « chabretaire », effraient les populations locales, toujours prêtes à les invectiver. « A l'oie ! Aux dindes ! » leur crie-t-on du pas des portes, les appelant encore « mangeraves » ou « mange-châtaignes ». Parfois, c'est la gendarmerie qui les arrête pour vérifier leurs papiers. comme au XVIIIème siècle, le maçon ne partait pas sans avoir demandé à son curé un certificat de baptême, il a désormais son passeport, établi par le maire sur une feuille de gros papier grisâtre rapidement chiffonné. Mais nul n'en a cure. La troupe ne cesse d'accélérer l'allure tant elle est soucieuse d'arriver à Paris avant les concurrents descendus d'autres plateaux et, après quatre jours de route à pied, arrivée à Orléans, elle termine le chemin en s'entassant dans une mauvaise patache bringuebalante pour être certaine de gagner cette course au travail.
Aussitôt arrivé, la première nuit passée dans un « garni », le garçon commence son apprentissage en servant les maçons. La tête protégée d'une calotte bourrée de chiffons, il « traîne le sable » et la chaux, fait « la colle », autrement dit le mortier, charrie les moellons ou tamise le plâtre arrivé directement des carrières en en écrasant les gros morceaux avec une batte. Il doit encore « gâcher » le ciment avec de l'eau, beaucoup d'eau, qu'il faut aller chercher et que les autres gougeats lui disputent parfois à coups de poing. Il doit ensuite, à l'aide de poulies, hisser tout en haut des échafaudages l'auge du mortier qu'il a préparé, sans en renverser, bien sûr, ce qui lui vaudrait rebuffades ou brimades.
Trois années durant, il accomplit ces tâches, avalant la poussière à pleins poumons et la batte lui abîmant les mains, avant de monter dans la hiérarchie. L'apprenti devient alors « petit compagnon » et est admis à poser les pierres les unes sur les autres, puis «compagnon». il accède alors à la truelle et possède ses propres outils : il peut enfin « limousiner ».
La vie est pénible, harassante. Le danger guette à tout instant, la chute de l'échafaudage étant particulièrement redoutée. certains meurent assommés par l'effondrement d'une poutre, d'un palan ou d'un de ces énormes engins de levage, quand ils ne sont pas victimes d'incendies, ou encore enlisés dans des sables mouvants. En 1700, à Cléppé, ils sont trois maçons à périr noyés lors du naufrage de la barque avec laquelle ils traversaient la Loire pour se rendre à leur chantier...
Les conditions matérielles sont dures : que ce soit la chambrée, à Paris, ou le garni, à Marseille, les lieux où dort le maçon, situés dans les bâtiments les plus sordides et des pièces à demi décarrelées, sont de sinistres dortoirs, souvent tenus par des « marchands de sommeil » peu scrupuleux. Nombre de ces demiers ont d'ailleurs leur clientèle attitrée. A Lyon, la veuve Coste paraît, selon Abel Poitrineau, ne recevoir que des maçons de Combraille, alors qu'un autre logeur, au Bourgchanin, abrite des gars d'autres secteurs. La chambrée parisienne de Martin Nadaud compte six lits, séparés par un très étroit passage, dans lesquels les ouvriers couchent deux à deux, tout habillés, avec des clous au mur pour portemanteaux. on imagine aisément la puanteur de l'air que l'on peut respirer dans ces véritables pépinières de tuberculeux. Bien des gars, pour dormir, ont soin de s'envelopper la tête de linges afin d'éviter qu'elle ne porte sur le traversin.
Sur son chantier, le maçon se procure ses repas auprès de quelque gargotier du voisinage, toujours prêt à profiter de sa clientèle. Il déjeune à neuf heures et prend son repas principal à deux heures de l'après-midi : pain, fromage et vin. Le soir, de retour à la chambrée, il trouve la soupe trempée qu'il accompagne d'une chopine de piquette avant de regagner rapidement sa paillasse, car il doit se lever très tôt pour faire le long chemin qui le conduit à son travail. Mieux vaut donc éviter le cabaret, d'autant que la police parisienne, luttant contre les tapages noctumes et les rixes aux sorties des estaminets, exerce une surveillance particulière sur les gamis et les ouvriers migrants que l'on sait volontiers bagarreurs. Nadaud se souvient des rixes entre maçons, parfois de paroisses ennemies, comme entre les « brulas » de La Souterraine et de Dun, ou les « bigaros » de Saint-Sulpice-des-Champs et Saint-Georges-de-Vallière. Il se souvient des défis sur les chantiers à qui travaillera le plus ou le plus vite, des combats de boxe ou de chausson, à coups de pied, organisés le dimanche à la sortie des bals populaires ou le soir, dans la chambrée, après avoir empilé les paillasses les unes sur les autres pour dégager la place d'un ring. Les moments de détente sont rares, en dehors des grandes fêtes patronales - la Saint-Louis et la Saint-Blaise - à l'occasion desquelles le « singe » (c'est-à-dire le patron en « franc-liran », l'argot de la profession) offre traditionnellement un repas à ses ouvriers, chefs de chantiers à ses côtés, apprentis en bout de table, conformément à la hiérarchie.

Arrive enfin le retour au village. Toujours en groupe, pour éviter de se faire détrousser, on refait le voyage à l'envers, à moins que le pécule entassé ne permette de prendre la diligence pour Châteauroux, puis pour La Châtre et Guéret, où l'on trouvera sans peine une voiture saisonnière, guettant le retour des maçons. « L'été de la Saint-Martin », à la mi-novembre, sonne traditionnellement le retour au village de ceux que l'on appelle les « hirondelles blanches », à cause de leurs vêtements noirs ou gris mouchetés de taches de plâtre ou de mortier. Les peintres et les plâtriers, mieux abrités puisque travaillant à l'intérieur, se donnent souvent trois à quatre semaines supplémentaires, tout en dépassant rarement la Saint-André, le 30 novembre. A la Foire de Felletin, le 19 décembre, tout le monde est donc rentré, sauf ceux qui n'en ont pas les moyens et qui passeront l'hiver à Paris comme porteurs d'eau ou portefaix en attendant de remonter au printemps sur les échafaudages.
Rentrant à la ferme, Nadaud trouve sa famille attablée devant sa soupe et un plat de raves. A l'homme qui revient, la femme ou la mère confectionne une soupe au lait, petite attention en échange des menus cadeaux - une robe, uu mouchoir - que celui-ci lui rapporte, comme il rapporte du tabac à priser à son vieux père. Mais le jeune apprenti a surtout hâte d'aller à la veillée dans les fermes des environs. Là, les maçons sont les vedettes et les filles sont pendues à leurs lèvres pour leur entendre raconter Paris et ses chantiers. Le dimanche suivant, celui qui est marié conduit sa femme au cabaret du bourg, et le célibataire court les bals dans les granges.
Si la campagne a été bonne, notre migrant a pu se faire en une saison largement l'équivalent du salaire annuel d'un domestique. Il rapporte donc de l'argent frais, des louis d'or, avec lesquels il va rembourser ses dettes, payer les grains empruntés l'an dernier pour ensemencer son champ ou s'acquitter de son fermage, dont Noël est traditionnellement le terme. Si, cela fait, il lui reste un peu de sous, il achète quelques arpents de terre pour agrandir son « pré carré » et reprend son métier de paysan, taillant le chanvre, battant le seigle, bûcheronnant, cassant du bois, bricolant de droite et de gauche...
C'est naturellement en hiver que les mariages creusois se préparent et ont lieu. Après une première saison de « fréquentation », parfois plusieurs - le temps de repartir plusieurs fois pour se constituer un pécule qui rassurera les beaux-parents -, les accordailles sont conclues au printemps et le mariage célébré l'hiver suivant. A Banize, Marie-Anne Moulin note que le curé bénit 88 % des mariages au cours des seuls mois de janvier et février. Le maçon, riche de son magot, essaie souvent d'épouser une fille bien dotée ou une héritière, dont les parents l'accueilleront « en gendre » dans leur maison. Les grossesses et les accouchements se dérouleront en l'absence des pères, à la fin de l'été ou au début de l'automne. C'est donc souvent enceinte que l'épouse, en été, travaillera, sous la canicule, aux foins et aux moissons. Nombre d'entre elles ne survivent pas à ce régime. Si certains maçons ont parfois, au retour, la mauvaise surprise de découvrir l'inconduite de leur épouse, beaucoup plus nombreux sont ceux qui se retrouvent veufs et doivent alors se hâter de prendre une nouvelle femme s'ils veulent pouvoir repartir en campagne le moment venu. Il arrive que certains, plusieurs fois confrontés à cette situation, se marient trois ou quatre fois, et cela dans des laps de temps étonnamment brefs.
Une des manières de remédier à ces situations est de vivre en communauté, au sein de familles nombreuses imbriquées, regroupant plusieurs générations et plusieurs ménages. Le ou les maçons - le plus souvent en plein force de l'âge, entre seize et trente ans - en sont naturellement l'élément moteur. Grâce à eux, la famille augment son patrimoine et peut marier ses enfants dans d'autre familles de maçons relativement aisées.
Car la famille, en Marche, constitue la clé de voûte de l'habitude maçonnante. on part en famille, à quinze ou vingt, dans une «compagnie», recrutée par un maître maçon de son voisinage ou de sa parenté, constituée de voisins et de parents que l'on ne quittera pas, se dirigeant su les mêmes pays et les mêmes villes, travaillant ensemble sur les mêmes chantiers, grands ou petits - allant du château a l'église ou au simple abreuvoir communal -, auxquels on travaillera souvent plusieurs saisons durant. Parfois, on profite de la présence d'un parent installé ailleurs, sédentarisé comme « architecte » ou « entrepreneur », généralement à la suite d'un mariage dans la région d'adoption - de préférence avec une fille d'artisans - célébré quelque années plus tôt devant la compagnie au grand complet. Les archives paroissiales le démontrent : le maçon ne se marie jamais sans ses compagnons pour témoins, comme il ne meurt jamais loin d'eux, qui paieront le curé pour qu'il dresse un certificat d'inhumation qu'ils rapporteront à sa veuve, à qui il permettra de faire régler la succession du défunt et de pouvoir se remarier.
c'est souvent une colonie miniature qui s'installe hors du pays et qui, sur plusieurs générations, verra des maçons du même village et des mêmes familles aller travailler et se fixer au même endroit, le migrant installé retournant volontiers recruter des apprentis dans son village d'origine. A Montcenis, en Saône-et-Loire, on note ainsi une cascade d'arrivées de maçons de la commune de champagnat, prés de Bellegarde, comme on relève à Étréchy, près de Paris, de nombreux carriers natifs de compreignac, en Haute-Vienne. La migration devient alors définitive, ce qui ne fait pas peur au Marchois, pour qui l'essentiel est d'avoir du travail garanti, comme c'est le cas à Briare, à la fin du XVIIIème siècle, à l'occasion des travaux du canal.
Au fil des saisons, des chantiers et des mariages, le maçon marchois dispose donc de tout un réseau de filières, appuyées sur les liens du sang et la solidarité. Ainsi, même s'il ne rentre pas, il est au courant des nouvelles du pays et de la fidélité de sa femme, de même qu'au village on sait tout de lui. Gare aux gars qui, à Lyon, vivent avec des coquines ! Dans les pays qu'ils fréquentent, les maçons tentés par la bigamie sont toujours épiés par les leurs. chaque coin de France a son noyau de Marchois, comme chaque village, là-bas, a ses zones d'accueil privilégiées, véritables chasses gardées où les habitués font venir leurs fils, frères, beaux-frères, neveux ou voisins, les plus fréquentées étant la région lyonnaise, destination favorite des hommes de la région d'Aubusson, le Bordelais, où le secteur de La Souterraine envoyait autrefois ses paveurs, la Bourgogne et, bien sûr, Paris.

La capitale comptant déjà deux à trois mille Marchois à la fin du XVIIIème siècle, dont plus des deux tiers étaient maçons, la colonie s'y est vite organisée et structurée. Des filières d'accueil se sont mises en place, permettant au migrant arrivé seul de trouver un toit et du travail, évitant au peintre en bâtiment de devoir attendre un employeur devant la tour Saint-Jacques, ou au maçon de faire, haut-de-forme râpé sur la tête, le pied de grue place Maubert ou devant l'Hôtel de Ville, en place de Grève.
Sous l'Ancien Régime, cette place avait été le lieu de toutes les grandes manifestations parisiennes, à commencer par les exécutions capitales. Au XIXème siècle, agrandie, elle est devenue le lieu de rassemblement des gens en quête de travail. Du coup, c'est là aussi que se réunissent les mécontents qui décident de « faire grève », une habitude qui commence à se répandre et à laquelle nos maçons ne sont pas étrangers.
Parti comme l'Auvergnat à la recherche d'un sort leur, le creusois, contrairement à lui, n'a pas conservé sa foi. Peu pratiquant, il sera très tôt sensible aux idées nouvelles. de tout temps l'initiation au métier et aux secrets des loges ont fait de lui un esprit fort. ce n'est pas par hasard que le XVIIème siècle, on a réglementé à Paris ce métier, déclaré franc dès le Moyen Age, tant au plan des conditions d'acces à la maîtrise qu'à celui des temps de travail, fixés à douze heures par jour en hiver et quatorze en été - de cinq heures à dix-neuf heures, avec des temps de pause. Nos maçons ont, en effet, la solide réputation de gens indisciplinés et contestataires. Ils l'ont montré dès 1660 par une tentative de sédition lors de l'élévation des fortifications de Paris. Il ont des idées avancées et sont prêts à se mobiliser pour les défendre. Martin Nadaud, après un début de parcours classique, se consacrera à leur cause, n'hésitant pas à briguer des mandats électoraux. Élu en 1849, il sera évidemment exilé après le coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte Rentré en France au lendemain de Sedan, il ne tardera pas a se voir nommer préfet de la creuse. Ami de George Sand, il est réélu député en 1876 et le restera jusqu'en 1889. il 1895, il fonde l'hebdomadaire La Jeune Creuse. Deux ans auparavant, un autre ancien maçon migrant, Antonin Desfarges, socialiste bon teint, avait été élu à son tour, au grand dam des notables creusois qui redoutaient la propagande révolutionnaire que ces hommes faisaient circuler au pays.

Extrait du livre : quand nos ancetres partaient pour l'aventure de jean Louis Beaucarnot.

une chanson retrace la vie des maçons, partant comme saisonniers : la chanson des maçons de la creuse

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