Aguigui Mouna

 

 

 

Vous n'avez jamais rencontré Mouna ?

A Beaubourg, perché sur une poubelle;

A la Sorbonne, sur la statue d'Auguste Comte;

A Avignon, mais pas sur le pont;

A Albertville, pour les jeux Olympiques;

A la fontaine Saint-Michel, la nuit de Noël;

Devant les Galeries Lafayette

lors des campagnes contre les jouets guerriers;

Au repas annuel des amis contestataires;

Aux galas de l'Union pacifiste ...

Alors tant pis pour vous, il est trop tard,

Mouna est parti dans un monde sans guerre, au pays de l'Utopie.

 

 

 

Agitateur, propagandiste pacifiste, philosophe et individualiste libertaire, André DUPONT dit Aguigui MOUNA est né 1er octobre 1911, à Meythet (Haute Savoie) dans une famille de petits cultivateurs. Orphelin à 9 ans, il travaille en usine à 13 ans, puis s'engage un temps dans la marine. Chômeur dans les années 30, puis employé d’hôtel, serveur, barman, … il multiplie les petits boulots, et les échecs, à Nice, Paris, Antibes, Marseille … Il se marie avec  Mimi, une antiboise. Mobilisé en 1939 durant la "Drôle de guerre", ce moment fera de lui un antimilitariste. Il s'installe restaurateur à Paris mais fait faillite 4 ans plus tard.  A la libération il adhère au parti communiste. En 1946, il s’occupe d’une petite pension de famille à Antibes, puis d’une gérance à Paris. Mais il est à un tournant : son mariage vole en éclat, il est exclu du parti. Sa véritable prise de conscience philosophique, mélange de pacifisme et d'individualisme anarchiste, date de 1951. Il prend alors le nom d'Aguigui Mouna.

Il se transporte alors dans la rue donnant tout son talent d'agitateur car « les mass médias rendent souvent les masses médiocres » et « C'est en parlant qu'on devient haut-parleur ». Manifestation à lui tout seul, il harangue les passants dans les rues de Paris. Antinucléaire de la première heure, il crée son propre journal « Le Mouna Frères » qu'il diffuse lui-même.

Se saisissant de toutes les occasions pour se faire entendre, il se présentera à plusieurs reprises aux élections présidentielles en tant que "Non-candidat", afin d’y mettre son « grain de ciel ». Sur ses bulletins de vote, il se présente dès les années 1970 comme "écologiste", mais aussi "humaniste, mondialiste" et bien sur, "cyclodidacte". Le programme est simple: "des vélos, pas trop d'autos, du gazon, pas de béton, des moutons, pas de canons".

Il meurt à 88 ans le 8 mai 1999 à Paris. Le cinéaste Bernard Baissat lui a consacré un film, et la journaliste Anne Gallois une biographie : Aguigui Mouna "Gueule ou crève", à lire absolument.

 

Mouna n'avait pas d'enfant, mais des milliers d'enfants de cœur de 4 à 104 ans; il habitait au pied de la Butte Montmartre, dans un petit logement du boulevard de Clichy et il parcourait le bitume parisien sur un vélo tractant une remorque bricolée, avec dans ses sacoches tout un bric-à-brac de clown de rue et son fameux  "Mouna Frère", le seul journal publié et vendu épisodiquement selon les ressources.

Il allait de par les sentiers du Quartier latin, de par les places publiques, de par les festivals d'Avignon, de Bourges et d'ailleurs, il ne ratait aucune manifestation, rassemblements anti-nucléaires, pacifiste, soutien des objecteurs, ... il s’indignait contre tout ce qui n’allait pas;  il avait une philosophie, non violente  et généreuse; en 68 il dira aux uns « Que vos grenades se transforment en fleurs », et aux autres « Que vos pavés se métamorphosent en bouquets », et à tous : « La société est la projection de chacun de nous. Moi je demande le droit à la dignité, au respect, à la tolérance, à la tendresse, à l’amour, pas à la haine. La haine engendre la haine » ce qui lui vaudra d’être considéré comme un traître par les militants gauchistes. Une information entendue à la radio le faisait bondir sur les lieux pour protester. Les nuits passées dans les commissariats de police, sous la direction orchestrale de Mouna, restent  gravées dans les mémoires des manifestants de l'époque. "Taisez-vous !" disaient les flics.  "Une-deux", rétorquait Mouna, et la chorale reprenait en chœur.

Debout sur son éternelle poubelle, comme Diogène sur son tonneau, avec sa longue barbe blanche hirsute de diable révolutionnaire, et un éternel chapeau mou recouvert de badges pacifistes et écolos vissé sur le crâne, il apostrophait les consommateurs et les nantis, bousculant les valeurs polluantes et les tabous mesquins de notre société à bout de sagesse ! Que résonne encore dans nos cœurs endurcis, cette clameur intempestive et joyeuse de notre frère Mouna !

Dans sa harangue passionnée, prophétique, rigolarde, véhémente, coq-à-l'âne et calembourdesque à la mords-moi le nœud, on voyait défiler à toute vitesse: la haine de l'armée et tout ce qui tue, l'horreur de la chasse, de la pêche, de la corrida, des combats de coqs et de tout ce qui fait joujou avec la mort des autres, la dénonciation de la pollution, c'est à dire du saccage de la terre et des êtres vivants pour nos petits conforts et nos minables gadgets, la dénonciation des crapuleries politicardes, de l'hypocrisie envers le Tiers-monde, le refus de tous les puissants, les riches, les juges, la police, les curés ...

Mouna c'était une manif à lui tout seul, un prophète.

 

 

 

 

 


Approchez, approchez, on désinfectera après.

Voilà, j'ai mis mon disque de stationnement.

 

D'abord, quelques proverbes que j'ai trouvé :

            - Nous sommes tous égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres.

            - Si tu as besoin de rien, tu es tout de suite servi.

            - Ne prenez pas le metro, prenez le pouvoir - c'est plus difficile.

            - Notre siècle en trois mots : l'arnaque, la barbaque, et la matraque.

 

Les commandements de l'église :

            - Tu aimeras ton prochain comme toi même - oui

            - Si on te frappe sur la joue gauche, tu tendras la joue droite - oui

            - Tu ne tueras point - oui

                        En détail, tu feras du gros !

            - Aimez-vous les uns sur les autres.

            - Amène le moi mort ou vif.

 

Je ne mange pas du curé, c'est pas nourrissant; je sais bien que parmi vous, il y en a qui y croient -  croa, croa croa . Quand j'étais petit enfant, ma pauvre petite mère m'avait obligé d'aller au catéchisme, et j'ai du apprendre à prier :

            - Au nom du père, du fisc, du simple d'esprit, amen  - le fric.

                        Merde, je me trompe

            -Au nom du père, du fils, du saint esprit

                        Hop, miam miam, c'est drôlement bon le saint esprit.

                        T'as pas mangé de la journée, tu te sens mieux.

Mais où était Dieu avant la création ? il était peut-être en congés payés à Saint Tropez.

 

 

Où est-ce qu'il est ? Ah, le voilà !

Mes frères, le monde est mûr. Qu'est-ce qui symbolise mieux notre monde actuel ? sinon ce balai à chiottes, le goupillon à merde !

            - Je t'aime un peu, beaucoup, à la folie.

Comme ce matin, je parlais devant l'église Saint Médard, et je disais aux gens qui sortaient de la messe :

            - Alors, ca va mieux ? vous êtes tout blanc ?

 

Il y a des gens qui font des kilomètres et qui donnent de l'argent pour voir des trucs, et bien moi, je vais vous faire un spectacle son et lumière.

Voilà la lumière, et voilà le son.


Vous savez que les chefs d'état ont à leur disposition un téléphone rouge, avec lequel ils pourraient se joindre, s'il y avait un danger d'une guerre mondiale; autrement dit, Jimmy Carter, président des Etats-Unis d'Amérique, ancien marchand de cacahuètes en gros - c'est une belle promotion - y a un an …

Et bien, moi aussi, j'ai mon téléphone rouge, et le modèle est dé-po-sé !

D'ailleurs, je vais téléphoner à une personnalité qui n'est pas alitée, il habite dans un bidonville dans la ville éternelle, il est dans la misère la plus complète.

Quoique aujourd'hui, il y a beaucoup de parasites, en uniforme, il y en a qui nous chassent.

- Allo, le vatican s'il vous plait.

- Passez-moi Paul.

- Allo, c'est toi, Polo ? je suis content de t'avoir au bout du fil. Dis-donc, je te téléphone de Paris, devant Beaubourg - nous les français, on est les plus forts, on n'a pas de pétrole, mais on a une raffinerie. Je tiens à te féliciter pour tes déclarations :

- Tu es toujours contre la masturbation ? - c'est très bien.

- Contre l'homosexualité ? - c'est bien.

- Contre les plaisirs charnels en dehors du mariage ?

- Allo, c'est parce que tu peux plus ?

- A propos, tu es toujours au SMIC ?

- Qu'est-ce que c'est le SMIC ? et bien c'est le salaire minimum interprofessionnel de croissance, le salaire de manœuvre léger, il est si léger que bientôt il va s'envoler !

- Attends un moment, passe-moi Dieu.

- Comment ? il est pas libre? Passe-moi le diable - je suis un pauvre diable.

Il a raccroché !

 

 

- Et bien, mes frères de lait, mes frères tout court -  ma sœur.

L'émission est commencée, le speaker speaké, il est complètement speaké !

Ici radio-débile... Qu'est-ce qu'on dit : bonjour, on n'est pas des bêtes, quoi que ! Mon vélo va bien, mais le monde va mal... Je suis André Dupont, dit Aguigui Mouna, citoyen du monde, humaniste, pacifiste, non-violent, antinucléaire, fondateur des Amis de la vie.

Je suis pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour

 

- Mais pourquoi pas rigoler un peu ? Pourquoi toujours se prendre au sérieux ?

La gravité, disait Montesquieu, c'est le bonheur des imbéciles.

- Où allez-vous ?

L'existence précède les sens à dit Jean Paul Sartre - Ouais, yes, niet.

- Tu piges ? quedal !

Et moi j'ajoute :

- mais dans quel sens ? Je crie donc je suis.

Et puis, qu'est-ce que j'en ai a fouttre que l'existence précède les sens ?

Ce que je sais pertinemment, et vous également je crois, c'est que on est tous condamné à mort, mais ce n'est pas pour cela qu'il faut faire des têtes d'enterrement !

- Riez mes frères, marrez-vous à marrée haute ou à marrée basse, éclatez-vous !

Moi j'ai compris qu'il n'y avait rien à comprendre, et je dis que seul le rire peut sauver l'homme, alors il faudrait peut-être retrouver le sens de la fête; et un jour, je me promenais sur les grands boulevards avec un ami, et on avait écrit ca sur une pancarte. Oh mais là, attention, les flics nous ont embarqué illico presto - rire dans Paris ? vous êtes fou !

 

 

Au commencement était le verbe, moi je m'exprime, exprimez-vous

Le théâtre est dans la rue.

C'est en parlant qu'on devient haut-parleur

Tout est bien ici bas avec la tête en bas

Pas de canons, des bonbons

On vit peu, mais on meurt longtemps, comme disait un frère de lait.

Ouah, ouah ! je suis aux abois.

Moi je m'amuse, y en a qui s'enmerdent ! moi je m'amuse …

 

Des vélos, pas trop d'autos, du gazon, pas de béton, des moutons pas de canons

Je préfère le vin d'ici à l'eau delà

Riez et vous serez sauvé

 

Utopie d’aujourd’hui, vérité de demain.

Les temps sont durs, votez mou (mouvement ondulatoire unifié)

Le monde est mûr, frères, il faut murir.

 

La passoire à passer le temps

Bonnes vacances, mais n’oubliez pas l’apartheid et Tchernobyl !

Rien de ce qui est humain ne m’est étranger

Battons nous à coup d’éclats de rire

Faites l’amour, pas la guerre

La télé : je suis branché, câblé et même souvent accablé de tant de nullités.

Non à la guerre des étoiles, oui à la guerre des boutons

Sans neutrons, la bombe à bonbons, c’est très bon

On mobilise pour la guerre, pourquoi on ne mobilise pas pour la paix ?

Les bagnoles, ras le bol ! La vélorution est en marche

Je privatiserais la merde de chien, il y aurait encore des cons pour acheter

Des moutons, pas de canons. J’irai cracher sur vos bombes

Salon du livre, des livres, délivrez-nous

Les amis de la Vie contre les amis de la Mort

Je fous la merde … pour que ça sente meilleur un jour

Génération Malboro, génération mal barrée

Les valeurs morales ne sont pas encore cotées en bourse

 

Il y a des écoles militaires pour apprendre, à tirer ! des auto-écoles pour apprendre à conduire une bagnole. Vous connaissez une école pour apprendre à bien se conduire dans la vie ?

 

Tous les désespoirs sont permis


 

Y a dix ans, si quelqu'un m'avait dit que je ferai ça, j'aurais dit :

- Mais ca va pas, il est fou !

La dedans, c'est pas du yagourth, c'est de la crème fraîche.

Comme disait Einstein,

- pour donner un sens à notre existence qui est brève et périlleuse, il faut se dévouer pour la société.

- Prenez-en de la graine, prenez-en de la graine !

Pas de blé c'est grave, aucun traumatisme crânien.

 

Tiens, ça, il y a longtemps que je l'ai pas fait : c'est une devinette.

Pourquoi je mets mes lunettes derrière ma tête ?

C'est une devinette, pourquoi ?

C'est pour mieux voir le temps passer.

 

Pour les personnes qui se diraient : dis-donc, Mouna, il a du fric, la veste, je l'ai acheté à St. Ouen, aux puces, 40 francs. 5 francs le pantalon - 45 balles - je suis tiré à 4 épingles.

Le penseur de Rodin à la sorbonne.

L’épingle à nourrice, c’est le premier objet que j’ai eu sur mon corps quand je suis venu au monde, ca symbolise la recherche sur soi-même.

D'abord, je vais me coiffer, il faut toujours être élégant. Remarquez la forme de ce peigne, on me l'a offert, ca représente un pied, c'est à dire que je suis pour un nouveau parti : le PPSP, pour prendre son pied.

 

Une citation de Jaurès, qui a été assassiné parcequ'il militait pour empecher la guerre. Alors vous comprenez, les marchands de canons … il faut que la paix - pète.

- Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l'orage.

Et quand j'apprend que le char franco-ouest allemand sera équipé d'un canon de 120 mm, je dis que la paix - tanque

 

Maintenant, je vais vous faire une revue de presse. Je vais vous lire quelques articles - là, avec le vent, faut que je fasse attention qu'ils s'envolent pas.

 

Un écrivain français, René Victor Pille, disait récemment :

            - Le monde devient-il fou ?

Moi je dis : non, il devient pas, il est - fou ! La marrée noire Sévéso, etc …

 

Le comportement des gens lui-même laisse à supposer que tous ne possèdent pas la raison :

            - Un bébé dans un landau sur le toit d'une voiture.

C'était pour le faire bronzer - Allez les mamans !

 

Les barbus sont hors-la-loi au Chili.

            - Pas de barbus au Chili - vous n'irez pas au Chili.

 

Violée par un cul de jatte.

            - Ca s'invente pas ça !

Vous voyez qu'il y a des gens curieux quand même.

 


 

Il s'appelle Raymond Barre, il est pour le moment premier sinistre - il a été en tournée en France, et à Orléans, il a dit :

- Je ne suis pas marchand d'illusions.

Il l'a dit, donc c'est vrai, il oserait pas mentir, puisqu'il est premier ministre - n'oserait pas mentir.

A une ménagère qui lui disait :

            - Le prix des légumes ne cesse d'augmenter, je n'y arrive plus.

Il a répondu :

            - Je sais, c'est ce que ma femme me dit tous les jours.

Tous les jours, madame Barre part avec son petit cabas … faire ses courses.

Elle arrive au marché.

            - Oh là là, le kilo d'andives : 7.95

Parcequ'ils ne mettent pas 8 francs.

            - Oh là là , un choux fleur : 10.95

            - Oh, le kilo de cerises : 12.95

Mais tenez, le voici, Raymond la science. Il est joli, on dirait un requin.

- Moi je fais de la vraie politique.

C'est à dire que les autres font de la mauvaise politique.

- Puisque Dieu et le prince l'ont voulu, j'assumerai ma tâche.

Et le même jour, Amin Dada déclarait :

            - La mort de l'archevêque est un châtiment de Dieu.

Barre, Amin Dada, même combat !

 

Ca, c'est autre chose, c'est Giscard d'Estaing aux français :

            - Mon rôle n'est pas de plaire.

Je crois qu'il est en train de réussir - au train où ca va.

Et alors, il a mis :

            - Mais de servir la France.

Il sert la France. Mais moi, j'ai mis deux mots : mais de ME servir DE la France.

Servir la France - y en a d'autres avant lui qui - Ah c'est le truc - on sert la France

            - Je suis prêt à donner ma vie à la France.

 

Ca, c'est dans l'humanité.

            - Le travail, c'est la mort.

Monsieur Mohamed Allali, père de huit enfants, demeurant à Bobigny, s'est tué, mercredi en tombant d'un échafaudage. L'inspecteur du travail s'est rendu sur place, une enquête a été ouverte.

Et bien moi, je pose la question suivante, encore une question, c'est pas le jeu de Lucien Jeunesse hein, là vous gagnez rien du tout. Le jour où un ministre du travail tombera d'un échafaudage, il tombera de la … de la merde - bravo, on a gagné !

 

Oui, vous avez vu récemment, y a trois jours, un lycée, deux écoles brûlent. Et y a trois ans, un lycée avait brûlé et y avait eu 20 victimes, dont 16 enfants. Mais attention, c'était en préfabriqué. Je vous pose la question suivante :

            - Connaissez-vous une banque en préfabriqué ?

Priorité aux … faut d'abord préservez les lingots d'or, ils prendraient un coup de chaleur.

Les empaquetés, et après ils vous donnent une leçon de morale.

 


Maintenant, un jeu - un jeu insolite.

Dans le journal révolutionnaire le figaro.

- Rayez les mentions inutiles.

Alors, si vous êtes pas d'accord, vous le dites, hein.

            - J'aime la bouillabaisse - vous aimez.

            - J'aime le golf - vous aimez.

            - J'aime Cannes - vous aimez peut-être plus la Baule ou Deauville.

            - J'aime la mer, j'aime le calme, j'aime la Provence.

            - J'aime voir mon bateau de ma terrasse.

Vous aimez voir votre bateau de votre terrasse, hein ? Qui n'aime pas voir son bateau de sa terrasse ?

Alors là :

            - J'aime le cheval, le bateau, les sports d'hiver.

Alors, je réfléchis, ca m'arrive de temps en temps. Mais, dites, quand ils ne font pas du cheval, quand ils ne font pas du golf, quand ils ne font pas du bateau, quand ils ne bouffent pas - ils travaillent jamais alors ? Mais pourquoi voudriez-vous qu'ils travaillent ?

Vous travaillez pour eux, la preuve est là !

- Mais si, on peut vivre en milliardaire !

Et je vois dans vos yeux que vous ne voulez pas vivre en milliardaire, vous refusez, vous êtes des contestataires ! C'est pas bien ca, on vous dit : vous pouvez, et vous ne voulez pas - c'est pas gentil.

 

 

Pour vous rendre service si vous êtes à la recherche d'un appartement - toujours grâce au journal révolutionnaire le figaro - y a une annonce qui peut vous intéresser. C'est au bois de Boulogne, quartier bien connu des travailleurs immigrés.

- Un petit appartement, sept pièces, "grand standing",

oui, parce que j'ai jamais vu "petit standing", ils disent toujours "grand standing"; "petit standing", ca fait mauvais effet -

- 5000 francs lourds - c'est pas cher.

Mais, dites, alors comme le SMIC est à 1500 francs, si je sais calculer, le gars qui est au SMIC  devra travailler trois mois pour se payer un mois de loyer - c'est logique.

Et puis alors, il y a un mini studio - mini : le gars il arrive chez lui - il rentre - si il fait 120 kilos, il fait deux voyages.

 

Ah, ca c'est pas mal non plus - dans le journal révolutionnaire France dimanche, un article qui est pas mal :

            - Des vacances à un million par jour - c'est ca !

Et le plus beau, c'est ca :

            - 35 francs pour le déjeuner de leur petit chien - 35 francs, c'est correct !

            - Vaisselle d'argent - il y a la photo.    

            - Vaisselle d'argent, serviette autour du cou, c'est bien le moins pour ce toutou milliardaire dont la pâtée coûte 35 francs.

Comme le chien mange naturellement deux pâtées par jour, ca fait 70 francs. Comme il y a eu l'inflation, parcequ'il y a 4 ans en arrière, ca fait 100 francs lourd. Ca fait dix mille francs pour nourrir un chien - c'est assez correct.

Alors, vous savez ce qui me reste à faire moi ?

            - Ouah ouah ouah

            - Ouah ouah !

Il vaut mieux être un chien européen qu'un enfant du tiers monde.

 

Y a aussi quelque chose qui n'est pas mal - dans le figaro toujours.

            - Nous apprenions que l'été dernier à Monaco, à Monte Carlo

c'est la même principauté quoi

- la mode était d'avoir deux yatchs, deux yatchs identiques.

Un petit yatch doit coûter pas loin de 300 millions anciens quoi, 400 millions; deux yatchs, ca fait 800 millions. Alors, jamais deux sans trois, c'est pour ca qu'ils ne peuvent pas augmenter le salaire des ouvriers, pour acheter le 3ème yatch.

            - Pour le baptême du second, monsieur Carven a offert un feu d'artifice à la principauté - c'est la moindre des choses - le gala du sporting de Monte Carlo affiche complet, on se bat pour dîner chez Regine.

Vous y étiez tous, naturellement, vous vous êtes battus pour entrer chez Régine. Alors, il conclut comme ca :

            - Tout permet de penser que si les riches ont de plus en plus d'argent, les classes moyennes en ont de moins en moins, ce qui a vrai dire ne surprendra personne.

Et les autres, ceux qu'on appelle les économiquement faibles ? ou les pauvres ? ceux là, ils osent pas le dire, mais ils doivent dire : ils ont qu'à crever !

 

Comme un certain Christian Bonnet, ministre de l'intérieur, disait lorsqu'il était ministre de l'agriculture en parlant des viticulteurs qui pouvaient pas vendre leur vin, il leur a dit :

            - Si ils ne peuvent pas vendre leur bibine, qu'ils crèvent.

L'exemple vient d'en haut !

Mais les grands hommes d'aujourd'hui sont de plus en plus petits - les technocrates.

 

 

C'est comme au casino du Ruhl à Nice, il y a des joueurs qui peuvent flamber, c'est comme ca qu'on dit, avec des jetons de 50 millions - vous avez bien entendu : 50 millions.

            - Les jeux sont faits.

L'équivalent de vingt ans de travail dilapidé en quelques minutes.

Alors si vous êtes toujours d'accord avec ca !

 

 

Et ca, c'est pas beau ca, cette robe - 750 millions la robe - on croit rêver. Oui, elle a été vendue à l'hôtel place Vendôme, à coté du ministère de la justice - comme par hasard.

 

Ah, elle est belle notre société !

La société libérale est avancée, la société caca, pipi, ca-pi-ta-liste est en voie de décomposition, elle est mure, cuite, râpée, elle pue la merde.

Alors, on vous dit souvent :

            - L'argent n'a pas d'odeur.

Je regrette, l'argent pue, car pour aller faire pipi aux WC de la tour Montparnasse, c'est un franc, obligatoire.


Au mois de décembre, il y a des gens qui ont souffert, c'est fou !

Une dépêche de l'agence France presse nous apprenait que

            - A Vichy, les magasins avaient manqué de caviar.

Vous vous rendez compte, il y a des gens qui n'ont pas pu manger de caviar. C'est pas douloureux ca, hein, c'est pas triste ! Et pendant de temps là, et bien il y avait des gens qui mangeaient chez Maxim - le prix du repas était le prix habituel, c'est à dire 700 francs - 700 francs, c'est assez correct. Avec le vin, 500 francs la bouteille, ca fait 1200 francs lourd; 120 mille balles, avec le service, 18%, ca fait pas loin de 150 mille balles - c'est correct.

Alors, si ils sont trois, parce que le gars, il ne se déplace pas tout seul, il emmène sa femme et un ami, avec un enfant. Ils ont dépensé 450 mille francs pour un petit déjeuner - mon cul. Si vous êtes d'accord avec ca, vous n'êtes pas dégoutté de la merde ! Surtout quand on apprend que des gens sont morts de faim, en France, mort de faim - voilà l'équilibre !

 

 

Dassault, on lui a pris 800 millions - comme ca, tranquille, un peu de son argent de poche - il s'en est aperçu un mois après.

- On vous a déjà volé 800 millions vous ?

Et puis après, vous savez ce qu'il a dit au président du tribunal ?

            - On ne poursuit pas un ami pour 8 millions.

C'est pas beau ca ?

- Qui parmi vous oserait poursuivre un ami pour 8 millions ?

- Y en a un qui oserait poursuivre un ami pour 8 millions ?

Mais dites, à propos, comment ils font ? où ils prennent l'argent ? Ils ne font pas un braquage, comme on dit, ils ne font pas un hold up, ils font un hol  de dupes, c'est à dire qu'ils s'accaparent du travail non payé qui est fourni par leurs milliers d'employés; ils les payent avec un lance-pierres. Et comme ca, ils peuvent bourrer les coffres-forts. On appelle ca la plus-value, l'exploitation de l'homme par l'homme, et c'est pour cette raison qu'il va pouvoir financer la campagne de son supporter numéro un, monsieur le général de Bénouville, prolétaire bien connu du 12ème arrondissement.

 

Alors, je dis aux jeunes :

- Vous les jeunes, vos débouchés sont bouchés.

- Qui va penser à déboucher vos débouchés ?

Il y a une solution, avant que vous posiez la question :

            - Mais, qu'est-ce que tu …

Je vais vous la dire, je fais la demande et la réponse.

Il faudrait qu'il y ait un changement profond dans nos mentalités, pour changer la société - la société, c'est la projection de chacun de nous. Si nous ne sommes pas capables de nous transformer un peu, intérieurement, si on veut tout avoir - y a des familles qui ont deux ou trois bagnoles

- On ne voit que des voitures - ha ha -

et comme ces bagnoles puent , polluent et rendent les gens tellement … qu'ils se tuent pour une place de parking. C'est des sauvages quoi, faut le dire !

Je pose la question suivante :

            - Le jour ou on apprendra qu'un piéton a écrasé une voiture, ca sera vraiment nouveau.

 

 


J'ai pensé à former un  gouvernement, mon gouvernement aguiguiste, aguigui, aguo guo, et bientôt agua gua !

Président de la république, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.

Premier ministre, j'appellerai Raymond Devos.

Affaires étrangères, Guy Bedos.

Intérieur: Ruffus, secrétaire d'état, Romain Bouteille.

Aux armées: Léo Férré, avec comme secrétaire d'état: Nougaro

A la justice, Achille Zavata.

Aux finances, quelqu'un qui doit avoir toutes les qualités pour cette lourde charge, j'ai pensé, j'appellerai rapidement Aznavour, avec comme secrétaire d'état : Eddy Barclay.

A la culture, Jean Paul Farré.

A la condition féminine et du sexe, parce que Françoise Giroud a été virée : Sheila, et madame Royer, la femme du maire de Tours pourrait tenir la chandelle verte.

Ainsi pourrions-nous sortir de la crise avec un plan de relance-pierres.

 

Tiens, je vais vous parler de la déclaration des droits de l'homme - je ne sors jamais sans ma déclaration, ca protège toujours. Ca sert à rien, mais quand même, il est bon de savoir ce qu'ils ont signé.

            - Déclaration universelle des droits de l'homme.

J'ai marqué : nous sommes tous des indiens.

            - Article 3 : Tout individu a droit à la vie - tiens, c'est nouveau !

            - A la liberté - c'est encore nouveau !

Je vais vous lire encore un article :

            - Article 5 : Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Ca existerait donc pas, dans aucun pays, des gens qui seraient - crac- pourtant, il y a trois ans, au Chili, un chanteur, Victor Jara, a eu les mains coupées; et on sait ce qui se passe en Afrique du sud par exemple.

            Le racisme qui pourri les cœurs.

Moi, je pourrai dire : Tarascon, mais je répond : Tarass Boulba !

 

 

Pour financer ma campagne, prenez la feuille, un franc, pas deux francs !

Pour lutter contre la société des robots, je suis un prof de l'être; vous avez compris, bande de tarés ?


 

Ah, alors là, c'est le chef d'œuvre de la publicité. Ca revient très loin en arrière, ca fait 52 ans - 1915 - 62 ans. C'était pendant la guerre qui devait être la derre des derres; après, il ne devait plus y avoir de guerre : 14-18. Alors, dans le journal l'illustration du 15 août que j'ai trouvé aux puces à Saint Ouen, j'ai découpé cette publicité.

Les gars revenaient du champ de bataille avec une jambe en moins, un bras, … et on remplaçait le membre absent.

            - La jambe Natura, silencieuse, imputrescible, trois fois plus durable à l'usage que la vraie - là je me suis trompé - à l'usage que les modèles ordinaires, elle permet une marche facile, souple, assurée, normale; de couleur chair - cela va de soi - d'une légèreté - en gros caractères, ils ne la sentaient plus - inconnue jusqu'à ce jour, elle doit être portée par tous les amputés.

 

Et il y avait également cette publicité :

            - L'aliment de guerre coaker oak, gruau d'avoine.

            - Construit les enfants

Vous saviez que le gruau d'avoine construisait les enfants ? je savais pas moi, j'en apprends tous les jours.

- Fortifie les hommes, répare les vieillards et les blessés, c'est l'aliment des faibles; - S'emploie en potage, maigre ou gras, en bouillie.

Forcement, le gars il avait la gueule en bouillie !

            - En entremet, remplace les pâtes, plus fort que la viande, moitié moins cher.

 

Et déjà, à l'époque, il y avait Colgate :

            - Le seul savon pour la barbe : Colgate.

Les guerres passent, Colgate reste.

 

 

Vous allez voir ce qu'on raconte dans les journaux, l'objectivité de la presse.

J'avais été invité à une fête dans le nord, à Tournai. Arrivé là-bas, je me promenais dans les rues et soudain, y a un flic de là-bas qui m'accoste et qui me demande mes papiers. Je les avais pas sur moi, ils étaient à l'hôtel. Alors là-bas, ils sont comme ici, allez lui faire comprendre ca - bon - voilà comme le journal le nord-éclair raconte ca :

            - "L'œil écoute" et "masure 14" animaient le quartier de Sainte Marguerite à Tournai, samedi. Ils avaient invité un personnage haut en couleur venu de France : barbe de prophète, immense chapeau de feutre d'un bleu indéfinissable. Tel apparaît ce personnage issu d'un autre monde.

Je suis un extra-terrestre - ca ils peuvent pas le faire.

            - Il s'adresse à un motard de la police et demande un renseignement … il lui demande ses papiers

Comme renseignement, c'est précis !

            - Il refuse, il s'assied à terre, brandissant un journal comme une masse d'arme.

Un coup de journal à travers la figure, ca défigure !

 


 

Je vais vous lire une lettre anonyme que j'ai reçu, y a déjà un moment; une lettre qui va vous donner une idée que tout le monde n'est pas d'accord avec ce que je dis.

            - Lettre aux dépravés - au pluriel.

            - Ton journal n'est que de la merde, comme tous ceux qui le lisent.

Alors, si vous l'achetez, attention !

            - Agent des impérialistes rouges, dissimulé derrière de bons sentiments de paix.

Pourtant tout le monde sait que je suis payé par la CIA, par ITT, par le pentagone, par le KGB, par le cagibi.

            - Des gens comme vous devraient être jetés au … four crématoire

C'est sympathique.

            - Les photos de votre journal sont des photos truquées.

            - Vous êtes des bêtes primaires - Ouah ouah !

            - Mort et tortures atroces pour les destructeurs de société que vous êtes, etc …

Et bien, si moi je suis capable de détruire la société, c'est qu'elle ne doit pas être tellement solide !

 

 

L'autre jour, j'étais sur le boulevard Saint Michel en train de dénoncer les méfaits des sectes qui fleurissent en ce moment, parce que il y a les mormons, les enfants de Dieu, les gurus, les hare khrisna, et surtout les moon.

Brusquement, il y a une jeune fille qui bouscule les gens et qui crie en me montrant du doigt :

            - Ne l'écoutez pas, c'est Satan.

Blublublu.

Mais elle m'a mis un bon direct dans la figure, là.

Les chiens aboient, Mouna passe.

 

 

Et y a un monsieur, y a pas longtemps, qui me disait :

- Mouna, vous êtes un gourou.

Et moi je ne suis pas l'ayatollah, je ne suis pas Moon, sûrement pas Moon, parce que je ne suis pas d'accord avec ce qu'il fait, je suis pas le pape, je suis un kan-gourou, c'est à dire que je m'exploite moi-même, je me commande, je suis mon maître et mon disciple, vous comprenez, je me dédouble, je me recycle, forcément, en faisant du vélo !

 

Je suis violent en parole,

            Le verbe se fait chair, et au commencement était le verbe

Je n'ai rien inventé, j'ai simplement pris conscience. J'ai fait ce qu'on m'a dit il y a longtemps, y a 26 ans environ, j'ai fait de la perception directe, c'est à dire y a ceux qui prennent le métro, et y a ceux qui prennent conscience.

 

 

Einstein, il est président d'honneur du club des aguiguistes que nous avons, que j'ai créé à Paris en 53; j'aurai, nous aurions désiré, nous étions pas nombreux, que le président d'honneur soit un homme qui … , nous avons écrit à Charlie Chaplin, pas de réponse; et comme je m'étais procuré une photo d'Einstein qui tirait la langue à l'occasion de son soixante dixième anniversaire, je m'suis dis : cet homme là, c'est un marrant,  c'est un homme qui se prend pas au sérieux,  et quel savant, hein. Alors j'lui ai écris en lui disant que j'avais sa photo où il tirait la langue, s'il acceptait que je la mette dans mon restaurant à coté de celle de … qui rongeait un os de poulet, et s'il acceptait d'être président d'honneur du club dont les buts sont les suivants :

            Rompre la monotonie de la vie sans nuire à autrui

            Etre heureux c'est faire son métier d'homme - c'est d'Albert Camus.

Et je m'attendais pas à avoir de réponse. Il m'a répondu affirmativement, et il m'a dit :

            - Il y a des institutions de ce genre qui sont très méritantes et puisque la modestie des forces sui caractérise l'intellect humain érige une barrière immuable à nos possibilités, on peut défendre une attitude qui place la pureté des mobiles au dessus du poids du succès. N'hésitez pas à accrocher mon portrait, qui du reste illustre bien mes convictions politiques.

J'suis r'tombé sur mon derrière. Et, un an après environ, j'ai vu arriver dans mon petit établissement madame Openheimer, la femme du grand savant. Et nous avons une carte :

            - A celui qui … - et Einstein mourait quelques mois après. Et bien je trouve que pour moi, je me disais souvent : de Gaule n'a pas reçu une lettre d'Einstein, Pompidou non plus, et moi, petit français moyen, Dupont André, cyclodidacte, une lettre d'Einstein, qu'on m'a volé ! heureusement que j'ai fait une photocopie de la lettre.

 

 

Jamais deux sans trois, j'ai encore été candidat aux dernières élections piège à con-binaisons dans le quartier latin. A la dernière réunion, les gens ont pris leur pied, thème de ma campagne. Sur la ligne de départ, tous les candidats sont à égalité, après avoir acquitté les droits : cent mille francs. Déjà là, il a fallu les trouver. Enfin, j'ai des amis et on s'est cotisé.

Mais très vite, les inégalités apparaissent : les autres candidats étaient soutenus par des organisations structurées, avec des moyens. Mes quelques affiches sont rapidement submergées. Je n'ai même pas pu avoir un approvisionnement en bulletins de vote suffisant pour l'envoi effectué par la mairie à tous les électeurs.  Et la presse, quand elle ne m'a pas réduit au silence, m'a présenté comme un joyeux farfelu, un candidat burlesque, folklorique.

Parce que demander la suppression des tribunaux militaires et de la peine de mort, réclamer l'arrêt du programme nucléaire, c'est du folklore !

            Je suis quand même arrivé huitième sur sept candidats, parmi lesquels le représentant de l'UJP, soutenu par Michel Jobert, pèse peu.

 

            Vous savez tous peut-être plus ou moins que y a des centrales nucléaires qui sont en construction, et nous ne voulons pas la construction de ce super folie.

            Vous savez aussi qu'en France, il y aurait deux endroits où il y aurait des gens qui pourraient s'abriter. Mais qui, ces gens ? Ah, pas vous ! le président, les ministres et leurs femmes et leurs enfants, naturellement. Il y a donc deux catégories de français :

            Y a ceux qui ont tous les droits

            Et les autres, qui ont tous les devoirs.

Nous, les français, nous sommes vraiment les plus forts du monde : nous avons quelques petites bombinettes, et nous n'avons pas d'abris pour abriter notre population. Les suédois, pour ne parler que d'eux, eux ils n'ont pas de bombes, mais ils ont des abris pour abriter toute la population. Alors, je ne sais pas qui est-ce qui est sérieux. Et bien, je crois que ceux qui nous dirigent se foutent de nous, en commençant par Valery-Safarri.

 

            Si vous n'êtes pas d'accord, dites-le, parce que chaque fois que je parle, y a personne qui me dit :

            - Mais non …

Alors vous êtes tous contre le gouvernement ? Comment se fait-il qu'ils sont au pouvoir encore ?

            Jamais, oh quelquefois des injures : vieux con, des trucs … mais jamais quelqu'un qui m'a donné la réplique avec des arguments.

           

Ils font ce qu'ils veulent !

Pour construire ce monstre ici, parce que nous on n'a pas de pétrole, mais on a une raffinerie, ils n'ont pas demandé l'avis aux gens du quartier. Ils construisent.

Pour construire le super Phenix de Malville, ils ont construit sans autorisation - alors- le tribunal s'est déclaré incompétent. L'année dernière, nous étions quinze mille, vingt mille. Nous avons occupé le site pendant 4 jours, et puis après les C.R.S. nous ont virés, naturellement avec les moyens - Prrrrr Prrrrr. Je me rappelle, le capitaine des C.R.S., une grenade à la main, criait :

- à la  grenade !

Alors moi j'ai gueulé, parcequ'il y avait des femmes et des enfants.

Alors, j'avais demandé au responsable de la sécurité, je lui ai dit :

            - Moi, je suis pas tellement qualifié pour parler technologie, mais admettons qu'il y ait un tremblement de terre, qu'est-ce qu'elle deviendra la centrale ?

Y m'a dit :

            - Elle penchera.

Et sa tronche, elle penchera ?

 

 

 

Le ministre de l'équipement, il s'appelle d'Ornano, c'est un comte, le comte d'Ornano, qui a été battu dans les dernières élections dans le 18ème. Pendant sa campagne, il était venu me serrer la main, et puis l'autre jour, à l'inauguration de Beaubourg, j'étais là, et y passe. Alors je lui dis:

            - Alors, monsieur le comte, on ne serre plus les mains ?

Il s'approche, pour me serrer la main, et je lui demande :

            - Battu, mais toujours ministre ?

Et il me répond :

            - Pourquoi pas !

Et bien, si je pouvais lui parler un peu plus tranquillement, comme s'il était là, je dirai :

            - Ecoutez, monsieur le comte, vous êtes contre les centrales nucléaires ?

oui forcément - on va en construire une, à Deauville, où il habite, devant sa maison hein, une belle centrale. Comme ca si elle pète, il prendra toute la radio-activité dans la figure !

 

 


 

Hier soir, j'ai vu à Ivry - un ami qui m'a emmené, parce que j'habite dans le 18ème - j'ai vu un film sur l'usine de retraitement du plutonium. Et bien, écoutez, je pensais pas que c'était si grave. On a vu - parce que c'était filmé pendant la grève - les ouvriers, c'est des cosmonautes, ils ont une tenue - cagoule - ils ont trois paires de gants - trois paires de gants - et pour mettre sa tenue, il faut une demi-heure, et y a un gars qui l'attache - vraiment des cosmonautes - Ils ont des …  - ouah ouah - alors quand ils rentrent la dedans …

Et le gars qui a parlé, il a dit :

            - Nous avons peur.

Il y a eu des cas de leucémie, et des fois - c'est vieillot, ca fait dix ans que c'est construit - ils s'accrochent la main, et - trois paires de gants - ils sont coupés quand même. Et puis alors, ils maigrissent de trois kilo en une journée quand ils vont dans les salles où c'est irradié.

Et alors, les paysans, ils ont vendu leurs terres. Mais on leur a pas dit que c'était pour construire une usine atomique. C'était une usine pour … les arts ménagers. On les a trompés.

C'est des bidons, pas des bidons, des fûts. Alors, ils mettent les déchets dans les fûts, et ces fûts, y en a plein là bas, y a des milliers de fûts. Ca va être la poubelle de l'Europe - les allemands nous envoient tout ca, les italiens, tout le monde, tout le monde, et Prrrrrr !

Alors, on chasse les gens - les gens s'en vont. Comme il y a des fumées, ca tombe sur les prés, les vaches mangent ca - miam miam miam - le lait - radioactivité - ouaf - cancer, leucémie - bravo, continuons - allez les verts - de terre - mon cul.

            Actifs aujourd'hui, radio-actifs demain.

            La bombe H, plus de taches, la bombe H, plus de taches ….


Voici un réveil, pour ranimer les cons…ciences.

 

C'est l'heure du Mouna

To be or not tabac, pour qui sonne le gras.

C'est le journal le moins lu de la presse sporadique : Le Mouna, le journal qui n'est pas polué car c'est trop polué pour être honnête; pas une ligne de publicité car ce mot commençant par "pu", ca ne sent pas toujours la rose et le raisaida.

Organe central des cosmonautes du subconscient, eligo ergo sum, j'ai choisi, dont je suis devenu le président directeur général, responsable, cycliste et vendeur.

            Le Mouna, je peux vous l'affirmer ne subit aucun genre de pression, sinon la pression a-tmo-sphé-rique, et la pression de ma conscience. Plus bête que le pourisien demeuré, c'est le journal de la pagaille, le journal qui fout la merde. Le mounana pour les sœurs, anti-robot, où Mouna passe, le mythe trépasse. Le journal qui rend les gens bons mais pas saucisson sec. Le papier est léger, le style est lourd, mais avec Mouna, le mythe s'en va.

            Rien sur l’horoscope, rien sur le tiercé, tout sur la paix … non à la pollution et à la folie automobile. Oui à la liberté de l’éspace-temps !

Humaniste, insolite, poétique, un peu philosophique - ma sœur- Aguigui, aguoguo, aguaga. Pour l'ouverture d'un mounastère, on boira de la limounade, et je serais le mounarque d'une mounarchie.

            Le prix n'est pas imposé, mais il est indiqué, et c'est naturellement obligatoire, mais, comme je m'exploite moi-même, à l'instant même, je le vends le prix que je veux.

            Si vous avez 3 francs 5*à, c'est très très bien

            Vous avez 3 francs, c'est bien

Vous avez 2 francs 50, c'est assez bien

Vous avez 2 francs, c'est passable

            Vous avez 1 franc 50, c'est médiocre

            Vous n'avez pas d'argent, c'est la ruine, c'est la catastrophe, c'est la faillite, c'est la       fin des haricots !

Et bien comme pour moi, il n'y a pas toujours de l'intérêt, et que, parti de rien je suis arrivé facilement et directement dans la misère, et que l'argent aide à supporter la misère, si parmi vous il y a  deux ou trois personnes qui aujourd'hui n'auraient pas un radis, qui seraient fauchés comme les blés, raides comme un passe-lacet, ces deux ou trois personnes pourraient l'avoir gratuitement.

            Demandez le Mouna , pas tous à la fois, qui en veut ?

Envoyez la mounaie. Chauds les Mouna, chauds les Mouna, chauds …

Mais oui, j'ai de la mounaie !